Samson le sauveur

Samson Brian Delinte avec Samson

Ce jour de fin décembre 2006 fut froid, couvert, et sans le moindre souffle de vent. Une exception pour l'extrême sud-ouest d'Alberta. Le "chinook" (un vent chaud similaire au foehn descendant des pentes est des Rocky Mountains) n'amena pas que des avantages. Les températures plus élevées furent agréables pour le bétail mais n'ont pas duré suffisamment longtemps pour faire fondre la neige et la glace. Au contraire, elles ont duré juste le temps de rendre tous les chemins glacés. Dans la prairie c'est dangereux mais tout près des Rocky Mountains, c'est carrément mortel.

Brian Delinte exploite un ranch de bovins près de Pincher Creek, Alberta, et il travaille avec des Border Collies. Il y a quelques années, il acheta comme cadeau pour sa fille un Cardigan noir/blanc. Samson aime être dehors et chaque fois que Brian part a cheval pour aller voir les bovins, il veut l'accompagner. Brian essaie toujours de lui apprendre de rester à la maison mais en vain; un jour pourtant, cette obstination sera payante.

La monture de Brian est un hongre alezan de 5 ans, déjà assez bien dressé mais qui mérite encore un peu d'expérience et cette sortie sera un bon entraînement. Comme d'habitude Samson voulait les suivre, mais après 200m Brian le renvoya à la maison. Pour Samson, "maison" voulait dire flâner autour des arbres proches en gardant l'espoir de pouvoir être utile.

Brian le regarda d'un air placide et continua son chemin jusqu'à ce qu'il découvre un bovin blessé. Il lança le lasso mais la boucle n'atteint que le haut de la tête. Le bovin, suivi du cheval, se mit à courir en bas de la colline. La catastrophe sur ce terrain verglacé fut inévitable. Le cheval perdit l'équilibre et en tombant la jambe de Brian resta coincée sous l'animal pendant qu'il glissait sur la pente. Mais pire encore devait arriver …. au milieu du "toboggan", homme et cheval passèrent sur une grosse pierre carrée émergeant de la glace. La jambe de Brian servant d'amortisseur subit encore d'avantage… puis enfin, la glissade pris fin.

Le cheval n'étant pas blessé se releva sans autre et Brian n'ayant pas lâché les rênes fut traîné sur un bon bout de chemin. Un cheval a l'habitude de tirer une vache mais pas un homme blessé. Lorsque le cheval s'arrêta, Brian tenta de se mettre debout et se rendit compte qu'il n'avait plus le contrôle de la jambe dont la partie inférieure ballotante était sans force.
Il n'avait pas lâché le cheval et après quelques jurons, il lui vint à l'esprit que Samson pourrait encore se trouver dans les parages. Il l'appela et effectivement, Samson errait toujours près des arbres. Quand il entendit son nom, il accourut joyeusement et hop - pile sur la jambe blessée. Aïe, ouille!!! Normalement après une telle tirade d'injures, Samson se mettrait à couvert mais dans ce cas il comprit que quelque chose clochait. Malgré la douleur, Brian enleva l'éperon de la jambe valide et tenta de le mettre autour du cou du chien. Le cou s'avérant être trop gros il l'attacha à son collier et Samson se retrouva avec un éperon traînant par terre dans lequel il s'emmêlait les pattes.

Brian tenta ensuite de renvoyer le chien à la maison - pas facile quand "maison" soit le seul ordre que Samson ne veuille pas comprendre. D'abord, Samson se rendit à l'endroit où les Border Collies sont attachés. On aurait pu croire qu'il cherchait de l'aide auprès de ces chiens de berger expérimentés. Brian le vit et hurla jusqu'à ce qu'il laisse enfin ces chiens et rentre à la maison. Enfin il se mit en route et grimpa péniblement les quatorze marches gelées de l'escalier de bois pour atteindre la terrasse. Là, devant la maison, il chemina en avant - en arrière, clopinant sous le poids de l'éperon faisant des clac, clac, sur le sol de bois.

Rae, la fille de Brian, entendit ce bruit anormal et sortit de la maison. Elle aperçu Samson avec l'éperon toujours coincés dans son collier, le lui enleva et scruta champs et prés alentours. Elle aperçu l'hongre alezan sellé et sans cavalier! Où se trouve mon papa? Immédiatement et avec calme elle est allée chercher le cheval, le monta et ramena à l'écurie. Ayant mis en route le truck diesel elle fonça a travers les prés jusqu'à ce qu'elle trouve enfin son papa. A l'aide d'un bâton de berger, d'un essuie-glace et de ruban adhésif elle bricola une éclisse provisoire pour la jambe meurtrie. Brian remarqua qu'avec la jambe immobilisée la douleur allait en diminuant. Avec l'aide de Rae, Brian se hissa à l'envers sur le siège arrière du truck et le départ pour l'hôpital Pincher Creek était lancé.

La radiographie révéla sept fractures à l'endroit où la jambe est passée par dessus la pierre et encore deux fractures un peu plus haut. Les médecins de l'hôpital se rendirent compte que Brian avait besoin d'un spécialiste et l'ambulance, sur une route cahoteuse, l'emmena à Lethbridge. Un long calvaire commença pour Brian avec beaucoup de morphine pour contrer les douleurs indicibles. Les fractures ont été liées ensemble par un clou et quatre vis. Un manque de circulation sanguine nécessita des incisions sur les côtés de la jambe afin de soulager la pression. Les plaies intérieures ont été recousues mais reste encore les peaux.

Quand Brian reprit un peu de forces, un des spécialistes releva que le rôle tenu par Samson n'était pas à sous-estimer, car si les secours étaient intervenus seulement une heure plus tard, la jambe aurait très probablement été perdue. Avec tous les vaisseaux sanguins bloqués, une gangrène était presque inévitable.

Pour les habitants de l'Est il est difficile de comprendre qu'au 21ème siècle il n'y ait pas de téléphones portables dans ces endroits isolés où se trouvent les ranchs. Brian peut de nouveau monter à cheval et marcher normalement mais pour lui et sa famille ce fut un passage long, pénible et fatigant. Le happy end est le mérite d'un Corgi noir et blanc nommé Samson qui ne voulait pas rentrer et qui traînait dans les buissons jusqu'à ce qu'on aie besoin de lui. Est-ce peut-être la raison pour laquelle les Corgis veulent toujours rester près de nous? Ils craignent que quelque chose puisse nous arriver et que sans eux, on ne s'en sorte pas.

Tiré du Newsletter du Canadian Cardigan Corgi Club.
Avec l'aimable autorisation de Lore Lee Bruder, Alberta, Canada

L'histoire suivante est également de Lore Bruder:

Cardigans+BullDruid, ma femelle Cardigan est effectivement une héroïne. Elle n'est pas seulement une championne de beauté mais aussi téméraire si nécessaire. Un soir et assez tard, une vache qui d'habitude est pacifique et que nous avions mise dans le corral pour cause d'un prolapse vaginal, a mis bas son veau. En naissant et chutant, la tête du petit fut coincée sous lui-même - une position à coup sûr mortelle. Avec la certitude qu'il s'agissait d'une vache calme, je suis entrée dans le corral afin de libérer d'un coup sec la tête du nouveau-né.
Boum - et j'étais catapultée dans la barrière.
Je me suis cramponnée aux planches pendant que la vache de 600 kilos me cognait continuellement sa tête dans les reins. Je n'avais qu'une pensée: "ne te laisses pas abattre, si elle parvient à te faire tomber, tu es perdue". Subissant des douleurs infernales je vis d'un coup Druid pendouillant à la joue de la vache et se faisant secouer dans tous les sens telle une loque par la bête enragée qui essayait de s'en débarrasser. J'ai sauté par-dessus la clôture, appelé mon chien et, hors du corral, nous nous sommes retrouvés haletant et couchés sur le sol. Moi, j'avais mal partout, Druid avait perdu une dent et le veau sain et sauf!

Tu l'aimeras toujours ton chien qui une fois t'a sauvé la vie, et peu importe le nombre de poils qu'il te laissera sur les sièges de ton truck.

Lore Bruder est propriétaire d'un ranch avec bovins en Alberta, Canada et possède également un élevage de Cardigans sous l'affixe Bluetrix et ses chiens travaillent sur le ranch.

Trad. anglais-allemand: ANo
allemand-français: margo

06.01.2011